Si l'homme pouvait prélever directement le miel dans les fleurs, ça serait trop facile et trop cool ! Mais alors, comment font les abeilles pour produire du miel ? Quel est leur petit secret qui confère au nectar des plantes un si bon goût et le fameux pouvoir de ne jamais moisir ? Je vous explique tout.
De la fleur à l'alvéole
Au départ la nécessité de se nourrir pour les abeilles
Les abeilles adultes ont besoin d'énergie pour vivre. Elles vont chercher cette énergie dans le sucre des plantes, appelé aussi nectar. C'est un rôle qui incombe aux butineuses de la ruche. Ce sont habituellement les ouvrières les plus expérimentées qui vont s'aventurer hors de la ruche dans un rayon proche.
Elles pourront trouver deux sources de nourriture : le miel et le miellat. Pour le transporter, elles vont utiliser leur langue pour aspirer le jus et le stocker dans leur jabot (estomac). Une partie en sera prélevée pour leur vol retour et une autre sera transmise à une autre ouvrière puis une autre et ainsi le nectar va passer d'abeille en abeille jusqu'à ce qu'il soit assez sec pour être stocké dans une alvéole pour passer l'hiver.
L'abeille prévoyante sur-stocke du miel
La partie de la ruche qui contient du miel sur-stocké dans le grenier, que nous appelons nous apiculteurs "la hausse", est la seule et unique partie où nous prélevons du miel. Nous laissons la maison de l'abeille (le corps, juste en dessous) intacte, car celui-ci contient un volume de miel assez important et nécessaire afin que nos colonies puissent passer l'hiver.
La capacité qu'à l'abeille de sur-stocker lui vient de sa survie à deux aires glacières. Ayant vécu des hivers très longs, elle a tendance à sur-stocker, car c'est écrit dans sa mémoire. Et l'homme s'en apercevant, s'est mis à prélever du miel sans que cela n'impacte le développement des colonies d'abeilles. Beau coup de bol !
Bien sûr, les abeilles stockent dans les hausses quand elles le peuvent. C'est-à-dire quand la météo, la floraison et les réserves d'eau sont au beau fixe. Il peut arriver qu'une miellée saute. Leur rythme peut alors être chamboulé et leur survie en dépendre. Le rôle de l'apiculteur est donc de surveiller tout cela : "Mes abeilles ont-elles des ressources autour de leur rucher pour vivre ? Pour faire des réserves ? Pour sur-stocker et m'en laisser aussi ?".
Quelles différences entre le miel et le miellat ?
Il y a le miel de fleurs
Parmi les miels, on retrouve les miels de fleurs, récupérés sous forme de nectar par les abeilles autour de leur ruche. Par le phénomène de trophallaxie (sorte de gros bisou avec la langue mélangé avec du miel de leur estomac...), les abeilles vont se passer le nectar - qui contient 80% d’eau - entre elles, jusqu’à ce qu’il ne contienne plus que 20% d’eau. Sous ces 20%, les abeilles en parfaites chimistes le savent, elles vont pouvoir conserver cette mixture ad vitam aeternam, sans qu'il ne moisisse. En régurgitant le miel stocké dans leur jabot, elles vont même incorporer au nectar une enzyme responsable de l’invertase. C’est-à-dire que le saccharose va changer de nature pour devenir du glucose et du fructose en majorité. Le nectar est ainsi devenu miel, elles vont le stocker dans les alvéoles pour passer le prochain hiver et les prochaines disettes. Vive le vomi d'abeilles !
Vive le vomi d'abeilles !
On peut considérer que le miel de fleurs étant régurgité par les abeilles est du vomi. Bon, en vrai c'est beaucoup plus noble que cela, ce sont des parfaites chimiste aux pouvoirs magiques. ;)
Et puis il y a le miellat d'arbres
Et puis, il y a aussi les miellats. Certains arbres comme le chêne ou le sapin sécrètent des résines qui attirent les insectes suceurs comme des pucerons ou des cochenilles. Les abeilles vont recueillir les excrétions sucrées de ces insectes (oui-oui, leur caca !) et vont procéder de la même façon que pour le miel de fleurs. Ici, si les conditions ne sont pas réunies pour que l'arbre produise de la sève, ou que les insectes s'y développent, le miellat ne peut être transformé par les abeilles. On pourrait penser en quelques sortes qu'avec un intermédiaire en plus, le miellat est encore plus précieux. Et c'est aussi dingue de penser que du vomi de caca peut être aussi bon. :)
Quoi ? Vous avez dit excrétions d'insectes !
Dans l'alimentaire, il existe d'autres exemples que le miellat ou un animal sert d'intermédiaire entre une plante et l'assiette de l'homme. Il y'a par exemple le Kopi Luwak, un des cafés les plus chers au monde récolté dans les excréments d'une civette asiatique.
Le miel transformé par les abeilles une pure merveille
Les miels les plus riches en polyphénols – souvent les plus foncés - sont utilisés en miel médical dans les hôpitaux pour leurs propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes. Il y a par exemple le miel de châtaignier, de sarrasin. On soigne ainsi cicatrices, plaies et brûlures. Evidemment, on n'applique pas directement ces miels sur les plaies des grands brulés, car le miel contient près de 250 germes. On passe ces miels aux rayons X pour tuer les germes et n'en garder que le propriétés sympas. :D
Le miel est aussi un bon vecteur de principes actifs comme la prise de propolis pour l'envoyer jusqu’à l’estomac. En plus d’être un aliment super énergétique, ses sucres sont facilement assimilables puisque décomposés par les abeilles et on lui reconnaît l’inhibition de la formation de radicaux libres. Dingue !
Comment les abeilles font-elles du miel ?